10 Mars 2024

 Le 10 Mars 2024

En présence de Tomas Jimenez et Dominique Fernandez

 Dominique Fernandez est psychologue de formation et psychanalyste. Il réalise depuis plusieurs années des interviews filmées d'exilés espagnols et une exposition photographique de leurs portraits. Il milite dans l'association IRIS-Mémoires d'Espagne qui contribue au travail de récupération de la mémoire historique de la IIème République et de la révolution sociale espagnole.

 Il est également l'auteur de la pièce "fragments d'exils" et l'un des protagonistes du film ANGEL, UNE ENFANCE EN EXIL réalisé par son fils Stéphane.


À 86 ans, Angel part sur les routes de son passé mouvementé entre France et Espagne. En compagnie de Domingo, il revisite les moments importants de sa vie au long d’un road-movie rempli d’émotions, de rencontres et de souvenirs. De Barcelone, où sa mère est morte sous ses yeux en 1937 dans un bombardement, à Toulouse, où il vit aujourd’hui.

Entre temps, Angel a découvert l’exil à 10 ans, accompagné de sa sœur et de son frère âgés de 6 et 4 ans, sur les routes catalanes et dans les camps de concentration que les Français avaient érigés pour accueillir un peuple en déroute. Argelès-sur-Mer, la Dordogne… puis Lyon où la fratrie retrouve le père disparu. L’Espagne à nouveau, et notamment l’Aragon, quand, jeune militant anarcho-syndicaliste, Angel se fait arrêter, torturer et condamner à mort. Finalement, sa peine est commuée en 30 ans de réclusion et Angel passera 16 ans dans les prisons de Franco… Un voyage sur des lieux de mémoire, à travers le temps et les souvenirs d’un vieil homme qui a vu s’inscrire dans sa chair un bout de l’Histoire du XXe siècle.

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C’est l’histoire d’Ángel Fernandez, exilé républicain Espagnol, qui à 86 ans, part sur les routes de sa mémoire. Accompagné de son ami Domingo, il revient sur les lieux de son exil, qui ont marqué son enfance.

Grâce à Domingo, à sa présence, les souvenirs enfouis d’Ángel refont peu à peu surface et sa parole se libère. Une parole souvent emplie d’une émotion palpable qu’Ángel camoufle avec pudeur. Ses photos et ses dessins sont aussi là pour appuyer son récit. Des dessins, qui ont d’ailleurs inspiré les séquences d’animation, et qui entrecoupent poétiquement le documentaire. L’animation comme l’explique Stéphane Fernandez: « fait le lien entre un univers réaliste et onirique ».
Pendant une heure, le spectateur s’invite donc dans ce duo, suit avec curiosité leur discussion et prête une oreille discrète aux confidences d’Ángel.
Car il ne s’agit pas là d’un documentaire sur la guerre d’Espagne, mais bien sur l’histoire personnelle d’Ángel. Une histoire qui fait écho à celle de milliers d’autres personnes.
Sur les pas de l’exil

En 1937, le jeune Ángel alors âgé de 9 ans, voit sa mère mourir sous les balles des Franquistes. C’est le début d’une lutte pour survivre, le point de départ d’un exil forcé qui va le mener sur les routes catalanes et du sud de la France.  Il a 10 ans et pour seuls repères familiaux, son frère et sa sœur.
Barcelone, Argelès-sur-mer, la Dordogne, Lyon…. Ce sont tous ces lieux qu’a choisi de filmer, caméra au poing, Stéphane Fernandez (le hasard veut qu’il ait le même nom qu’Ángel), lui-même petit-fils d’espagnols émigrés.
À Argelès-sur-mer, Ángel découvre les camps de fortune que les Français avaient érigés pour accueillir les réfugiés de la guerre civile. Puis, direction la Dordogne, désormais séparé de son frère et de sa sœur, dans un wagon à bestiaux et dans des conditions plus qu’insalubres.
Ce n’est pourtant qu’un enfant, mais déjà Ángel est habité par la mort, aspiré par le vide et le silence qui l’entourent. Plus tard, à Sarlat, il retrouve d’autres réfugiés républicains espagnols. En 1949, alors militant anarcho-syndicaliste, il est arrêté et condamné à mort pour avoir voulu faire sauter un train qui transportait Franco. Il n’a que 20 ans.
Sa peine sera commuée en 30 ans de réclusion et il ne sortira de prison qu’en 1964.
Une phrase viendra résumer tout l’esprit de ce documentaire,  « avant de tourner la page de l’histoire, il faut la lire, l’apprendre, la comprendre et l’assumer » et ouvre la réflexion sur cette mémoire qui nous appartient à tous et qu’il faut transmettre, tout comme vient de le faire Ángel.

Elise Chevillard

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À Barcelone, la voix d’Angel se brise quand il se remémore la mort de sa mère sous les bombardements, en 1937. Son regard se perd dans le lointain sur la plage d’Argelès où, enfant, en 1939, il côtoya l’enfer dans les camps d’internement. Au mémorial de Saragosse, ses mains semblent vouloir étreindre ses camarades maquisards fusillés par la dictature franquiste. Au gré des endroits où il vécut, où il vit (Toulouse), nous voyageons dans sa mémoire. Le réalisme y côtoie l’onirisme, grâce à de courtes séquences d’animation. Stéphane Fernandez excelle à nous plonger dans les lieux d’hier, au fil de ce récit d’un passé revécu au présent. Au terme du voyage, le spectateur poursuivrait bien le chemin en offrant à Angel, porte-parole des oubliés, une accolade fraternelle.

Anne Mathieu

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